Après la vigne et le raisin, les vendanges et le vin.
Le vin est un nectar si précieux que l’Antiquité gréco-romaine en attribue la paternité à un dieu, Dionysos ou Bacchus. Les vendanges mythologiques donnent lieu à des fêtes en leur honneur, auxquelles participent les Bacchantes. Si le christianisme supprime ensuite le culte de Dionysos et de Bacchus, il continue à célébrer le vin comme un don divin. Les hommes, eux, ont toujours associé les vendanges à une période festive.
Les vendanges valaisannes de ce millésime ont été très bonnes, aux dires des connaisseurs. Pour ma part, j’ai apprécié leurs conditions climatiques exceptionnelles et les rencontres qu’elles ont permis.
Vendanges familiales
De nos jours, beaucoup de parchets de vigne valaisanne sont en mains de vignerons professionnels. Les vendanges familiales sont plus rares et moins bigarrées qu’autrefois. J’ai eu toutefois la chance d’assister à plusieurs vendanges familiales, y compris celles de ma famille élargie.
Les techniques de vendanges ont évolué substantiellement dans les dernières décennies, même pour les petits propriétaires. A témoin, la légendaire brante de bois de 45l fait désormais partie de l’héritage viticole, alors que l’antique pressoir manuel à vis sans fin jouit souvent d’une retraite bien méritée.
Descendants directs de la brante, le cacolet de bois et la brouette ont presque disparu des vignes. Ces deux outils étaient pourtant si communs aux vendanges de mon enfance. La chenillette règne désormais en maître dans les pentes viticoles, secondé par l’intrépide monorail dans les pentes les plus escarpées.
Il fait bon vivre l’ambiance sereine de vendanges fastes menées sous le soleil. Les vendanges sont l’occasion de retrouvailles familiales. Les mines sont enjouées alors que fusent les railleries et plaisanteries. Les vendangeurs savourent le moment autant que les quelques graines chipées dans les fruits les plus mûrs. Malgré de généreuses pauses, ils n’en finissent pas moins l’ouvrage à la mi-journée.
La vendange livrée à la cave coopérative dégage d’excellents sondages ; le solde de la récolte annuelle sera encavé à la maison. Les vendanges s’achèvent donc avec un repas de midi pris en commun dans une atmosphère festive. En Valais, ce ne saurait être qu’une raclette…
Vendanges professionnelles
Pour les vignerons-encaveurs professionnels, les vendanges représentent à la fois l’accomplissement d’un dur labeur annuel de la terre, une charge accrue de travail ainsi que le début du processus de vinification. Un moment clé dans le cycle annuel.
Les moyens et les techniques de ces professionnels ont bien sûr considérablement évolué, même pour l’oeil non averti, et ce de la vigne à la cave.
Composées essentiellement de travailleurs étrangers, les équipes de vendangeurs sont nombreuses et bien rodées. La coupe des grappes est menée tambour battant comme avant l’orage, sans précipitation toutefois.Les gestes sont précis autant que les paroles sont rares. Chenillettes, monorails et même monte-charges allègent les tâches les plus astreignantes. La joie des vendanges est moins évidente, même si elle reste perceptible.
J’ai entrepris la visite d’une cave professionnelle, même si je ne connais pas grand-chose au travail d’encavage et de vinification. Comme dans les vignobles, mon œil a été celui du photographe plutôt que celui de l’œnologue.
Les caves modernes conjuguent les techniques contemporaines de vinification avec des savoir-faire traditionnels et des matériaux d’antan, tels les fûts de chêne. J’aime ce mariage de modernité et de tradition dans l’élaboration complexe d’un produit de qualité.
Dans la salle de réception de la cave, j’ai retrouvé Bacchus trônant fièrement auprès d’un bouquet de vin du crû. Un nectar délicat, à déguster avec goût et modération.
Vous l’aurez compris: j’ai aimé ces retrouvailles avec les vendanges, que j’ai croquées avec gourmandise à pleines dents, avec mes yeux et par ma plume.
Bien à Vous,
