Depuis mon arrivée à Paris, je sillonne les rues de la capitale française en quête d’instants décisifs si prisés par Henri Cartier-Bresson. J’aime sa photographie directe, spontanée et proche de ses sujets. Si Cartier Bresson ne tolérait aucune pose, retouche ou recadrage, et encore moins le flash, j’avoue user d’outils d’imagerie digitale pour mettre en lumière et polir l’âme et la forme de mes clichés.
Vivant dans le centre-sud parisien, je me rends souvent sur les quais de la Seine. De nombreux coureurs à pied slaloment entre les passants. Si je ne suis guère enclin à la photographie sportive, photographier des courses à pied, comme spectateur ou en tant que participant, me permet de combiner deux passions, pour mon plus grand plaisir bien sûr.
Courir Paris, c’est aussi courir à Paris.
Marathon de Paris, 2018
Suite à mon expérience du Marathon d’Athènes 2018, je ne pouvais ignorer celui de Paris. Alors que la première édition du Marathon de Paris s’est tenue en 1896 déjà, sa forme contemporaine date de 1986 et accueille un maximum de 50’000 participants.
Le Marathon de Paris se targue d’être le plus beau du monde car il se tient dans la plus belle ville du monde. Sans possibilité de participation directe, je ne pouvais qu’évaluer l’assertion par le biais de mon matériel photographique.
La veille, le Champ-de-Mars est constellé de coureurs plus soucieux de tourisme que de sport. Mais déjà, les discussions ourdies laissent une large place à l’épreuve du lendemain.
A l’aube du jour J, je me rends sur la Place de la Concorde au travers des grands espaces urbains encore ensommeillés. La bousculade n’a pas encore commencé, mais le flux de coureurs pressés de gagner la ligne de départ croît de minute en minute.
Pour les familiers de la géographie parisienne, la course de 42km débute sur l’avenue des Champs Elysées pour gagner la Place de la Concorde, avant de s’engager dans la Rue de Tivoli. Les coureurs passent ensuite près du Louvre pour gagner la Place de la Bastille avant de rejoindre le Bois de Vincennes.
Suite à une longue boucle dans le Bois de Vincennes, l’itinéraire longe la Seine en passant par l’Ile de la Cité et sous le Pont Neuf. Les coureurs tutoient ensuite la Tour Eiffel avant de serpenter longuement dans le Bois de Boulogne. Le Marathon s’achève sur l’Avenue Foch.
Les premiers concurrentes arrivent déjà, en volant sur les pavés. L’élite féminine ouvre la voie à l’élite masculine, partie quelques minutes plus tard. Sans surprise, les plus rapides coureurs des deux genres sont d’origine africaine.
Les éditions 2017 et 2018 de la course élite masculine ont vu la victoire du Kenyan Paul Lonyangata, alors que ses compatriotes Purity Rionoripo (2017) et Betsy Saina (2018) ont remporté la course reine féminine.
Les athlètes kenyans ou éthiopiens ont gagné toutes les courses élites du Marathon de Paris durant la décennie 2008-2018. La dernière victoire française remonte à 2002 pour les hommes (Benoît Zwierzchiewski) et à 1986 pour les femmes (Maria Rebelo).
Mon propos principal est moins littéraire ni sportif que photographique et artistique. C’est pourquoi j’ai laissé mon appareil photographique proposer sa vision de l’épreuve sportive dans la Ville-Lumière.
Dans l’esprit de Cartier Bresson, mon appareil photographique se poste dans un nombre de lieux clés, assez longtemps et assez proche de ses sujets pour capturer des instants décisifs. Moins soucieux de documentation que d’interprétation, il use abondamment de flous directionnels tout comme il combine sans vergogne les couleurs et le noir-blanc. A vous d’apprécier le résultat.
Afin de laisser peut-être du champ à votre imagination, mon appareil photo et moi nous nous sommes éclipsés aux 30 km de l’épreuve. Le périple du jour à travers Paris m’a néanmoins permis d’apprécier beaucoup le parcours, les lieux et les gens rencontrés et bien sûr l’expérience. Alors, le plus beau marathon dans la plus belle ville du monde ? Pour y répondre, il me faudra y participer un jour.
Colour Run française, Paris – 2018
The Color Run a vu le jour à Phoenix aux USA en 2012. Il s’agit d’une course à pied particulière puisque son objectif n’est pas chronométrique, mais visuel : franchir la ligne d’arrivée le plus coloré possible. Pour ce faire, chaque kilomètre du parcours correspond à une zone de couleur où des bénévoles lancent de la poudre colorée à base de fécule de maïs.
Marthe et moi apprenons de la Colour Run française 2018 samedi soir à près de minuit. La manifestation sportive se tiendra à Paris le lendemain matin. Le Net nous permet de grimper dans le dernier wagon des 20’000 participants, Dans le premier, en fait, car il reste de la place dans la première vague de coureurs qui démarre à 9h00. Afin de montrer la couleur, nous adoptons le pseudonyme collectif de Rainbow Warriors.
Le départ a lieu près de l’Hôtel de Ville, dans une ambiance décontractée. La distance à parcourir n’est que de cinq modestes kilomètres le long de la Seine, mais quelle expérience !
En raison de la fécule de maïs colorée, j’ai troqué mon appareil photographique contre un modeste téléphone portable. N’importe, l’essentiel est là, sous vos yeux.
A l’arrivée dressée au pied de la Tour Eiffel, des groupes de musique électronique font vibrer et danser les participants. Forme inédite de stretching après l’effort.
L’engouement populaire pour les Colour Runs est désormais mondial. Six ans après sa naissance, la course sera organisée cette année dans plus de 60 pays et plus de 200 villes pour un total cumulé depuis 2012 de 6 millions de coureurs. Choisissez votre ville!
Cordialement,
