Suisse – Valais – Vignobles

De retour en Valais, je me devais d’aborder les thèmes connexes de la vigne et du vin, Eminemment photogénique, le sujet correspond en outre à mon vécu personnel.

Enfant et adolescent, j’ai baigné dans la viticulture et la vinification par tradition familiale. A l’époque, de nombreuses familles valaisannes cultivaient leurs lopins de vigne hérités de leurs ancêtres. Les revenus viticoles constituaient alors un précieux complément aux revenus d’autres activités lucratives. Cette logique économique a perdu beaucoup de sa pertinence en deux décennies. Toutefois, la vigne et le vin conservent une indéniable importance économique et culturelle dans le Valais contemporain.

Valais 2018

Si je n’ai guère aimé travailler la vigne plus tôt dans ma vie, j’ai adoré arpenter récemment les vignobles valaisans avec un œil photographique. Etabli désormais à Sion, je me suis concentré dans la région sédunoise tout comme dans les vignobles de mon enfance.

Le projet photographique comporte trois volets: (i) le vignoble, (ii) le raisin et enfin (iii) les vendanges.  En voici le premier, précédé d’un bref historique de la viticulture valaisanne.

La vigne en Valais

La viticulture valaisanne vient de loin dans le temps et l’espace. La vigne et le vin s’implantent en Valais bien avant notre ère. Au-dessus de Sion, le Lac de Montorge nous a livré des traces archéologiques d’une activité viticole remontant au moins au 7e siècle avant J.-C. Celle-ci provient probablement de l’actuelle Italie du Nord – elle même baignée d’influences grecques, étrusques et celtes.

Dès l’Antiquité, le vin est assimilé au sang en tant que générateur et protecteur de la vitalité humaine. Dionysos, dieu grec de la vigne et du vin, est aussi le dieu de la fertilité et un dieu guérisseur, tout comme Bacchus, son équivalent romain.

En Valais, le vin entre dans la composition de nombre de médicaments traditionnels jusqu’à l’aube du 20e siècle. Il est notamment administré comme reconstituant aux femmes qui viennent d’enfanter.

Valais 2018

Au Moyen-Age, les vignobles valaisans sont en plein essor car le vin représente non seulement un médicament, mais également un aliment de base. En mains de la noblesse et du clergé, les vignes sont travaillées par les paysannerie contre paiement d’une redevance annuelle.

La production viticole valaisanne alimente les seul marchés locaux jusqu’au 19e siècle. La commercialisation du vin valaisan démarre dans le sillage de la guerre du Sonderbund (1847). Elle est stimulée par la naissance des premières entreprises viticoles, l’accroissement des surfaces cultivées et l’avènement du chemin de fer en Valais.

L’essor de la viticulture valaisanne ne va pas sans périodes critiques. L’oïdium et le mildiou affectent le vignoble valaisan dès la fin du 19e siècle, suivis par le phylloxéra durant la Première guerre mondiale.

Dans les années 1920, la vigne valaisanne souffre d’une nouvelle crise sanitaire et économique. L’Etat mène la lutte contre le phylloxéra, rationalise la production et la commercialisation par le biais de caves coopératives qu’elles chapeaute.

Suite à une longue période faste, l’économie viticole valaisanne connaît une crise aiguë de surproduction au début des années 1980. Des quotas de production parent au plus pressé. Introduite dès 1991, l’appellation d’origine contrôlée (AOC) assure la qualité et l’authenticité des cépages valaisans. De nombreux cépages traditionnels sont remis au goût du jour, stimulés par la recherche de niches commerciales haut-de-gamme.

Vignobles

Lors de ma quête photographique, les vignobles se préparent aux vendanges qui s’annoncent. Ils recèlent une grande diversité végétale pour inclure même des figuiers de Barbarie. Les feuillages des plants de vigne sont superbes de chlorophylle, au point de se voiler pudiquement parfois derrière des filets bleutés. Des jeunes plantons s’activent pour la relève. Ca et là, certains plants fatigués affichent déjà quelques couleurs automnales.

Valais 2018
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A Sion comme ailleurs en Valais, Les montagnes et les collines ont façonné un paysage viticole au relief savamment tourmenté. Dès le Moyen-Age, la pente y est apprivoisée à force de terrasses, murets et escaliers de pierre sèche.

Fort des grands travaux de terrassement réalisés au 19e siècle, le vignoble valaisan compte actuellement 3’000 km de murs en pierre sèche. Au-dessus de Sion, certaines parois atteignent une hauteur de 18 mètres.

Valais 2018

Visuellement, ces ouvrages sobres modèlent et surlignent les paysages. Ils épousent la géologie et les couleurs de la roche, telles des excroissances naturelles de leur environnement minéral. Les murs tombent des cimes en cascades, retrouvent un équilibre précaire sur d’étroites terrasses avant de plonger plus bas vers la plaine.

Valais 2018
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La diversité des modes de culture viticole m’a frappé, même dans mon modeste périmètre de recherche. Le gobelet qui s’est imposé dès le milieu du 19e siècle avec sa forêt d’échalas n’a plus guère la cote. Il a cédé le pas à des modes de culture plus haut sur pied, plus espacés et donc plus appropriés à la mécanisation légère de la viticulture.

Pourtant, des vignes à demi sauvages se blottissent encore dans certaines pentes, dignes descendantes des denses forêts de ceps qui croissaient sans support et en joyeuse anarchie jusque vers 1850.

Valais 2018
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Voilà pour la vue d’ensemble. Mon prochain billet s’approchera des plants de vigne pour se délecter visuellement de ses composantes.

Bien à Vous,

By Bertrand

Trotting the globe with vision, values and humour